... lustrage ...
Passer la brosse à reluire, voir congratuler .... ses chaussures
C'est presque une passion voyons cela comme une mission thérapeutique. Entre chaque étape un peu de broderie, pour apprendre la patience, puis le travail terminé, rendre son tablier sachant que dans peu de temps en recommencera, seule isolée, sans bruit, un moment de recueillement. Le tabouret à donc cette fonction depuis bien longtemps déjà, ainsi que la boîte pour y poser le pied, deux objets indissociables.
En Févirer de l'an passé, un article chez le Clown Navet et sa contemplation apporté au lustrage de chaussure, m'avait séduite étant ensorcelé par ce sujet hors du temps. Son talent pour conter le temps passé à s'activer dans l'art de l'entretien du soulier en se vidant l'esprit par un acte mécanique bien huilé, allant jusqu'à la mise en beauté.
Enlever les lacets, frotter le surplus de terre à la brosse, passer une pate obtenue, mélange cire d'abeille et lanoline au chiffon en friction circulaire, une pommade qui nourrit les belles peaux de tannage {ce qui n'est pas le cas ici}, laisser agir longtemps d'ou la broderie et les flanerie dans la boîte qui regorge de trésor, photo du passé, qu'il est difficile de consulter sans penser à l'année passé ou tant de mes proches sont partis. La famille à Guernesey, l'arrière arrrière grand-père Narcisse et ma grand-mère Margueritte couturière petite main chez Balmain. Trop d'images et de documents impossibles à classer pour l'instant. Passer la couleur, faire pénétrer avec un chiffon en coton par massage concentrique, puis finir le glacage. Ici les souliers ne méritent pas le fabuleux glacis * traitement anti-rayure et amour de la pleine peaux. Impassible, j'avoue dans un terme moins technique, que finir au crachat sera de mise car la salive à un pouvoir de brillance incomparable, parole de bottier, le métier de mon père. Est-ce qu'un bon butler agit de la sorte ? Dans le cas présent on est jamais mieux servit que par soi-même et une bonne huile de coude. Plus d'une heure passé dans le calme avec les douces éfluves de cirage de mon enfance. Un vrai bonheur.
* Le glacis est le résultat direct d'un phénomène physique appelé "émulsion instable", obtenu par le contact du cirage (mélange de cire d'abeille et d'essence de térébenthine) et de l'eau, les proportions de cirage étant de 90% pour à peine 10% d'eau. En effet, le chiffon se doit d'être humide, jamais mouillé, sinon vous ne ferez qu'arracher la fleur au lieu de la lustrer. De préfrence de l'eau tiède pour éviter la solidification du cirage qui serait trop rapide.
Partir quelques jours pour mieux revenir ...
Les yeux baignés d'images.
Pour le 1/3 qui reste à battre campagne, prenons du bon temps, bon pied, bon Oeil.